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De la guerre en Ukraine

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  • 1 mai 2024
  • 3 min de lecture

Pour l’instant, la guerre en Ukraine n’implique pas nos forces armées. Elle n’est pourtant pas sans effet sur la stratégie militaire française : réaffirmation de la priorité à la guerre cybernétique, retour vers un armement de combat terrestre traditionnel, nécessité de renforcer et/ou moderniser la force nucléaire stratégique, drones de combat et missiles hypersoniques. Le discours sur la réhabilitation de l’OTAN est certes bienvenu, mais il y a loin des déclarations « budgétaires » allemandes à la réalité d’un réarmement effectif, à la conception et à la réalisation de programmes d’équipement communs (le remplacement des Eurofighters), aux structures de coordination avec les … 27 membres et associés de l’OTAN (avec la Suède et la Finlande).

En revanche, l’économie française va être lourdement impactée du fait des sanctions économiques imposées à la Russie. Il est significatif que la liste des sanctions soit encore mal connue, et que les victimes soient désignées par les marchés financiers, donc par la rumeur publique : les banques françaises impliquées dans l’économie russe, Total et les projets gaziers, Renault et Avtovaz, Alstom et la sous-traitance nucléaire et, sans doute, de très nombreux importateurs et exportateurs français en Russie, ainsi que les sociétés de commerce françaises qui ont investi en Russie, la marque Auchan étant la plus connue.

Il y a sans doute plus grave sur deux points.

▪ Le plus connu est l’approvisionnement en hydrocarbure et en gaz en provenance de Russie. Le taux de dépendance est inquiétant pour l’Allemagne, mais également pour la France et, d’ailleurs, par le jeu des échanges intra-européens d’électricité, pour l’ensemble du mix-énergétique européen. Emmanuel Macron a vu juste, quoiqu’un peu tard, de proclamer le grand retour du nucléaire, juste avant la guerre. Encore faut-il que l’Allemagne puisse en faire autant et, surtout, que les investissements puissent produire quelques effets dans un délai raisonnable. En réalité, le vrai sujet pour l’ADRIMAP est la forte dépendance de l’Europe auprès d’un seul fournisseur d’énergie fossile, en contradiction avec les discours sur la « transition écologique »

▪ Le second risque porte sur la stabilité financière globale. Le probable défaut de la Russie sur sa dette souveraine et le défaut sur les dettes « privées ». Le paiement des loyers sur les avions civils achetés en leasing, en particulier, peut atteindre la douzaine de milliards de dollars. Les assureurs-crédit et les banques, dans le monde entier, vont subir un choc considérable, et lui, strictement imprévu.

Comme pour l’épidémie de Covid, les conséquences indirectes de la catastrophe sont macro-économiques et financières. Or, comme pour l’épidémie, la probabilité de la guerre était forte. Rappelons que les guerres de Yougoslavie (Croatie, Bosnie, Kosovo) ont porté sur la délimitation de frontières « nationales » héritées des « découpages » plus ou moins ethniques réalisés par Tito après la seconde guerre mondiale. La probabilité de récurrence était encore accrue par les guerres de 2008 en Géorgie et en 2020 en Arménie/Azerbaïdjan qui résultent des mêmes causes « frontalières ».

La probabilité d’occurrence était forte en Ukraine depuis 2014 et le début de la guerre du Donbass. Et ces hostilités avaient provoqué la mise en place de sanctions européennes et de contre-sanctions de la Russie. Il est possible que les gouvernements européens aient été préparés à devoir répliquer à l’entrée de la Russie en direct sur le terrain. Les réactions n’en donnent pas moins un sentiment d’improvisation, notamment avec la découverte (au moins pour le public non averti) de la dépendance au pétrole et au gaz en provenance de Russie, alors que les solutions alternatives existent et auraient pu être progressivement mises en œuvre pour éviter le « choc ».

L’opportunité d’une démarche stratégique de l’Etat est ici patente pour se substituer à une gestion de crise, au moment où les effets de la guerre impactent les particuliers et les entreprises en France. ■


 
 
 

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